Chaque mois, retrouvez des interviews des acteurs de la TV Locale. Aujourd’hui 366 donne la parole à Aurélie Rousseau, directrice générale de la chaîne TVR.
Aujourd’hui, quels sont les principaux enjeux des TV Locales ?
Aurélie Rousseau : Les enjeux sont multiples et complexes. La question de l’accessibilité et la visibilité de nos contenus est fondamentale. La qualité de notre travail, au plus près des préoccupations quotidiennes de la population dans les territoires, est reconnue, mais nous souffrons d’une numérotation trop lointaine sur la TNT et les BOX (canal 30 et au-delà), de difficultés à accéder aux plateformes et agrégateurs en raison de coûts d’intégration prohibitifs, ou encore de l’intermédiation opérée par les algorithmes des réseaux sociaux. Sur le plan des modèles économiques, le secteur est en pleine évolution avec l’arrivée de grands groupes nationaux dans le domaine de l’information audiovisuelle de proximité qui viennent bouleverser les équilibres. La concentration est-elle un phénomène inéluctable ? Je ne le crois pas à un moment où des coopérations se mettent en place dans les régions, entre les télévisions et la PQR pour la convergence numérique des contenus, entre les télévisions locales et le service public pour le soutien à la création audiovisuelle, entre télévisions locales en vue de trouver un nouveau modèle de visibilité nationale. La diversité des offres de proximité est une richesse française et il est aujourd’hui indispensable de se mobiliser pour en assurer la pérennité. C’est pourquoi nous avons sollicité les pouvoirs publics lors des Premières Assises de l’Audiovisuel local, qui se sont tenues le 25 novembre dernier, en partenariat avec le SIRTI, sous le parrainage et en présence de Roselyne Bachelot, la Ministre de la Culture. Nous demandons une reconnaissance forte de la part de l’Etat, une labellisation des médias audiovisuels locaux, qui nous permettra d’accéder à des fonds de soutien, des aides à l’investissement ou des mesures fiscales incitatives.
Comment les TV Locales s’inscrivent-elles dans l’actualité, notamment en cette période de reprise épidémique ?
A.R. : La période que nous traversons démontre l’attachement des français à la télévision, et à la télévision locale en particulier. Nos audiences ont progressé pendant les confinements, le public avait du temps a passer devant l’écran et il est venu nous voir car nous avons toutes travaillé la question de l’utilité sociale, en adaptant nos programmes aux nouveaux comportements, et nous avons diffusé des contenus d’information souvent moins anxiogènes que sur les chaînes nationales. Nous avons valorisé les initiatives solidaires locales, retransmis des événements culturels et sportifs auxquels les gens n’avaient plus accès. L’attachement des français à leur média local en est sorti renforcé, comme le prouve l’étude IFOP dévoilée lors des Assises : les médias locaux ont la confiance des français.
Quelles sont les récentes initiatives éditoriales mises en place par la chaine ?
A.R. : Au sein de TVR, nous travaillons une information d’hyper-proximité, constructive, qui valorise les initiatives des habitants. Elle se décline ensuite en fonction de priorités éditoriales qui évoluent avec le territoire, puisque nous sommes très impliqués dans tous les réseaux locaux. C’est le résultat de 35 ans d’histoire. La métropole rennaise et l’Ille-et-Vilaine sont des zones qui connaissent un vrai dynamisme économique et culturel, donc la tâche est enthousiasmante au quotidien. Nous avons beaucoup développé la couverture événementielle en live ces dernières années, notre savoir-faire est reconnu sur le territoire et booste la chaîne économiquement, en terme d’audiences et de notoriété.
Pour terminer, avez une vision d’avenir à nous partager ?
A.R. : Je suis très optimiste pour l’avenir car nous sommes des spécialistes de l’info locale, de manière sincère et authentique. Notre travail est perçu comme qualitatif, proche des gens, qui se sentent en confiance avec nos médias. C’est et cela restera notre force et notre atout. Nous travaillons la vidéo, sous toutes ses formes, pour le linéaire et le non-linéaire et cela correspond aux attentes des publics. Je crois également beaucoup aux dynamiques de territoire, à la capacité des acteurs médiatiques et économiques locaux à travailler ensemble pour développer un écosystème vertueux.